Outre l’alternance de rayons droits et flammés, marque stylistique du XVII^e ou du début du XVIII^e siècle, cet ostensoir se distingue par la présence d’une couronne fermée surmontant le soleil. Cinq pierres semi-précieuses enchâssées sur le cercle de la couronne contribuent à faire un véritable joyau de cette pièce d’orfèvrerie. Sur deux de ces pierres, des agates, ont été gravés deux profils d’hommes de style Renaissance. Il s’agit probablement de camées rapportés, provenant peut-être de la famille donatrice. Cette famille qui a sans doute donné aussi la curieuse croix de Malte surmontant la couronne. Il s’agit en fait d’une croix prise sur l’Ordre de chevalerie de Saint-Louis (l’anneau a été conservé), ordre fondé par Henry III en 1578. Les initiales I*I sont certainement celles du nom du valeureux possesseur de cette décoration. La colombe aux ailes éployées a été retournée pour apparaître la tête en haut.
Le soleil est fixé sur une tige pourvue d’un nœud piriforme et dressée sur un pied à ressauts. Sur le rebord du pied a été apposé le poinçon de l’orfèvre : trois initiales I.I.F., flanquées de deux couronnes. Ce poinçon a été retrouvé sur plusieurs pièces d’orfèvrerie de Belgique, région de Wallonie, dont un calice, une boîte aux saintes huiles et deux ostensoirs. Sur un ostensoir d’une commune de canton de Florenville, le pied et la tige jusqu’au nœud sont absolument identiques à ceux de l’ostensoir de Bazeilles. Mais le soleil est entouré d’une épaisse guirlande fermée partant de la couronne et rejoignant le nœud. L’orfèvre de ces pièces n’a pas été clairement identifié. Il pourrait s’agir de Jacques Joseph Franskin (dont le poinçon n’est pas connu), orfèvre à Dinant dans la première moitié du XVIII^e siècle. Si la tige et le pied peuvent correspondre à une datation de cette époque, le soleil ainsi que la couronne paraissent plus anciens. Peut-être ceux-ci ont-ils été rapportés, comme le fut aussi la croix sommitale ?