LES RESTAURATIONS DOBJETS DART
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Le patrimoine mobilier – comme le patrimoine architectural – est la mémoire tangible d’un pays, l’expression créatrice d’une culture, un témoignage ethnologique, historique, technique, artistique. Il constitue les racines d’un peuple, ses points de repères. Il relie le présent et le passé.
Restaurer c’est aussi préparer l’avenir. Et cet avenir ne peut se fonder sur un vide historique. Il s’élabore à partir de réminiscences, de souvenirs de ce que fut le passé. Les objets d’art sont des témoins d’une civilisation. Comme le disait le journaliste Pierre de Lagarde (producteur de la série télévisée Chefs-d’œuvre en péril ) : « ces témoins sont le bien de tous…[Ils] n’ont pas été faits pour la joie de quelques esthètes, mais [ils] forment la base même de la civilisation. Ils en sont l’essence la plus précieuse, son âme. En sorte que chaque fois que l’on sacrifie l’une de ces œuvres, c’est notre société tout entière qui s’en trouve systématiquement mutilée. »
L’objectif premier de la conservation et de la restauration est donc de transmettre aux générations futures le patrimoine qui nous a été transmis.
Au cours des siècles, ce patrimoine a subi toutes sortes d’agressions :
celles du temps, de l’air, de l’eau, des animaux ; celles aussi des hommes :
agressions volontaires (guerres, vandalisme, saccages, goût immodéré de la « ruine
romantique », excès d’esthétisme ou rénovation outrancière, changements
de modes), agressions par ignorance (incompétence technique, manque de connaissances
scientifiques).
LA B C DUNE RESTAURATION RÉUSSIE
« Un bien culturel relève à la fois de l’histoire et de l’esthétique, et sa restauration n’est ni une simple réparation de routine, ni une rénovation : il s’agit d’un acte critique, résultat d’un compromis entre la rigueur historique qui voudrait qu’on le laisse en l’état, sans rien ajouter de neuf , et l’exigence esthétique qui aimerait qu’on enlève toutes les trahisons du temps, crasses et accidents qui en perturbent la lecture » (Ségolène Bergeon, Encyclopédie Hachette Actuel 1994, Éditions Quillet).
Restaurer c’est redonner à l’œuvre d’art une cohésion et une reconnaissance de l’original la plus complète possible. Les critères sont la réversibilité des interventions (connaissance précise des produits utilisés), le respect de l’œuvre, la lisibilité tant sur le plan historique que sur le plan esthétique. Tous les principes qui animent aujourd’hui dune part l ’Institut National du Patrimoine (INP) et les restaurateurs (par exemple l’École de restauration de la pierre de Tours pour la sculpture, l’École d’Avignon pour la peinture) et dautre part le Service des Monuments historiques, sont ceux édictés en 1964 à Venise lors du IIe Congrès international des architectes et des techniciens des Monuments historiques dans une charte célèbre qui a désormais force de loi.
Toute restauration devra être accompagnée d’un dossier précis, détaillé et
complet. Toutes les techniques et les produits utilisés seront mentionnés. Des
photographies de l’état de l’œuvre avant et après intervention seront jointes
au dossier.
UN PARTICULIER PEUT-IL LUI-MÊME RESTAURER UN OBJET ?
La restauration d’un objet protégé au titre des Monuments historiques relève
des seuls services de l’État. Si une collectivité ou un particulier peut, bien
entendu, demander à ce qu’un objet d’art classé ou inscrit soit restauré, la
maîtrise d’œuvre relève exclusivement du seul conservateur du Patrimoine chargé
d’inspection. Ce dernier peut éventuellement s’entourer d’un comité scientifique.
La Loi
de 1913 ou celle
de 1970 la complétant sont bien claires sur ce point et ne sauraient être
contournées : « Les objets classés ne peuvent être modifiés,
réparés ou restaurés sans l’autorisation du ministre chargé des affaires culturelles,
ni hors de la surveillance de son administration » (art. 22,
loi de 1913).
LES AIDES FINANCIÈRES AUX PROPRIÉTAIRES LES PROCÉDURES
Si un classement ou un arrêté d’inscription à l’Inventaire supplémentaire représente une certaine contrainte pour le propriétaire, l’État offre, outre la compétence de ses techniciens spécialisés, des possibilités d’aides financières.
Cas dun objet classé au titre des Monuments historiques (MH)
L’État aide le propriétaire (communes, établissements publics, propriétaires
privés) jusqu’à concurrence de 50 % du montant global des travaux. Le Conseil
général de la Meuse participera également avec un apport de 25 %.
Cas dun objet inscrit à lInventaire supplémentaire des Monuments historiques (ISMH)
Les subventions respectives sont pour l’État de 30 à 40 % (modulables
selon les revenus des communes) et de 15 % pour le Département.
Programmation annuelle
Chaque année un programme de restauration est établi en concertation entre la Conservation départementale et la Conservation régionale des Monuments historiques. Le programme est soumis à lapprobation de la conférence administrative régionale (C.A.R.) dans le courant de lannée précédant celle de lexécution des travaux. Les propriétaires sont sollicités ensuite par la DRAC (Direction régionale des Affaires culturelles de Lorraine). Généralement un courrier est envoyé au propriétaire en début d’année civile pour l’exercice en cours ou à la fin de l’année en cours pour l’année suivante. Un plan de financement est alors établi. Le devis demandé au restaurateur par l’inspecteur des Monuments historiques et approuvé par ce dernier, est envoyé au propriétaire pour accord. Si sa réponse est positive, c’est la Conservation régionale des Monuments historiques, maître d’ouvrage, qui enverra un ordre de service au restaurateur, signataire d’un engagement préalable.
Quand un restaurateur doit prendre en charge un objet mobilier, il prévient toujours par écrit le propriétaire de la date douverture du chantier ou denlèvement de lobjet. Avant demporter lobjet, il remet au propriétaire une décharge dûment signée. Le suivi des travaux est effectué par le conservateur des Monuments historiques chargé d’inspection en relation directe avec le conservateur départemental des Antiquités et Objets d’Art. Une réception des travaux est prévue dans une dernière étape. L’opération est totalement terminée quand le restaurateur a joint à sa facture un rapport détaillé des travaux comportant, outre des photographies présentant les différentes étapes de la restauration, la liste des produits et techniques utilisés.